mercredi 27 mai 2009

Père Jean Juste, Paire des gens Justes

Un Vétéran s’en est allé, et le deuil a assombri toute la cité. Un griot est parti pour l’éternité et toute la tribu est en pleurs. Mais le prophète s’est éteint et la lumière ne s’arrête pas. La communauté haïtienne de Miami vient de sonner le glas pour annoncer dans la douleur, dans un déluge de larmes le départ de cette planète, du Révérend Père Gérard Jean Juste. Père Jean Juste est l’un des ténors de la théologie de libération à côté de Jean Bertrand Aristide en Haïti, de Leonardo Boff au Brézil, d’Oscar Romero à Salvador.

Père Jean Juste est le Porte Parole des pauvres, des sans abris et de tous les assoiffés de justice, Père Jean Juste est le porte-voix des victimes de l’exclusion, de ceux qui ont faim de l’amour, des souffrants de l’égoïsme et des inégalités de toutes sortes, Père Jean Juste est le Porte drapeau des immigrants, des sans Papiers, de ceux qui ont bravé la mer et pour qui le TPS n’est pas une loi. Père Jean Juste est l’Homme des gens justes. On peut bien comparer la lutte de Père Jean Juste à celle de Moise qui s’est livré à la libération d’un peuple opprimé par l’esclavage. Ce cri de Moise est venu souvent de la bouche du Prophète de Petite Place Cazeau « J’ai vu la souffrance de mon peuple, j’ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs exode 3 :7 ». Père Jean Juste est un martyr , en pleine distribution de nourriture aux enfants démunis il est arrêté et torturé par les acteurs politiques de 2005, quelques mois plus tard dans l’enceinte même de l’église St. Pierre de Pétion-Ville, à cette même église où Izmery a été immolé , drapé dans sa soutane de prêtre il est battu, malmené et humilié pour se reconnaître plus tard en prison.

A l’instar du Prophète Jérémie il a connu la prison, comme Martin Lutter King il a prêché l’amour, comme Mahatma Gandhi il a vécu la non violence et il a vaincu la violence. Comme Moise n’a pas vu la terre promise, lui non plus il n’a pas vu le jour de la libération intégrale du peuple haïtien. Le départ de père Jean Juste nous coûte des larmes, la séparation de Père Jean Juste nous donne des douleurs, la disparition de père Jean Juste nous procure des pleurs certes, mais nous croyons que père Jean Juste n’est pas mort. Pendant des années encore on aura entendu dans toute Little Haiti ses cris dénonçant la discrimination des lois de l’immigration, pendant des années sa voix retentira sur Haïti toute entière pour dire non à la violence, non à l’exil, non à l’arrestation arbitraire, non au coup d’Etat. Jean Juste n’est pas mort et c’est maintenant que ses bourreaux vont trembler, car sans se confesser et sans se convertir ils laissent partir leur victime, l’homme dont le cœur est toujours plein de clémence et de tolérance. Père Jean Juste est parti en mission pour rencontrer Martin Lutter King à qui il dira que l’amour et l’égalité des races est encore un rêve, à John Fritz Gerald Kennedy qu’il dira que la démocratie et la Paix sont encore des grands défis pour les peuples , à Jn Marie Vincent ,que alfabetizasyon an tonbe nan betiz, à Dessalines que peyi a vann, peyi a fann ,peyi a rann , peyi a tonbe nan sann, et l’union ne fait plus la force. Il n’est pas mort ! Son corps a succombé aux vicissitudes et aux douleurs qui ont défié la science, à des maux que son cœur et son cerveau ne pouvaient plus commander, à des chocs politiques que sa conviction et son moral ne pouvaient plus dompter.

Au nom de la grande cohorte Lavalassienne nous souhaitons bon voyage à père Jean Juste, au Revoir à père Jean Juste. Au nom des cadres , des organisations de base , au nom de la philosophie lavalassienne Nou di mèsi Pè jean Juste , mèsi anpil konpatriyòt, nap kontinye veye yo . Le centre Haïtien de Recherches et d’investigations en sciences Sociales salue avec révérence les dépouilles de ce grand Mapou qui est tombé dans la forêt des justes. Que ses manifestations de foi, ses leçons de courage, ses messages de Patriotisme servent encore d’huile à nos lampes pour apporter la lumière dans le royaume des ténèbres, servent à nous tous des refrains d’espoir, des chants de résistances, des cantiques d’amour et d’amitié car comme disait Roumain dans Gouverneurs de la Rosée « Le fruit qui pourrit nourrit l’espoir de l’arbre nouveau »

Professeur Bell Angelot
Directeur du Centre Haïtien
De Recherches et d’Investigations
En Sciences Sociales

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