vendredi 22 mai 2009

DANS NOS RANGS TROP DE TRAÎTRES, DU SOL ET DU SOUS SOL NOUS NE SOMMES PLUS MAÎTRES


Pour le Drapeau, Pour la patrie, Vivre est beau
Dans nos rangs trop de traîtres
Du sol et du sous sol nous ne sommes plus maîtres
Pour le pays, pour la patrie, lutter est beau.

Nous cultivons une littérature de la mort dans notre vie de peuple. Par exemple nous commérons la mort de nos héros. Les mots ont leurs maux, ils influencent nos attitudes, ils ont leur magie et leur force dans notre vie. L’expression « La Mort » est souvent scandée dans des déclarations historiques. Liberté ou la mort, pour le drapeau mourir est beau ! Je pense qu’il faut vivre pour le pays et lutter pour la patrie. Comment mourir pour la patrie sans avoir vécu pour cette patrie ? Liberté et la vie ! Pour le drapeau, pour la patrie, vivre est beau!
Le congrès du Bois Caïman, 13 au 14 Aout 1791 et celui de l’Arcahaie sont deux hauts faits politico culturels les plus profonds dans notre histoire. Ils sacralisent l’unité raisonnée, l’esprit de compromis historique, de l’alliance tactique, de la capacité de transcender, de sacrifier l’intérêt personnel au profit de l’intérêt collectif.
Un bref historique de notre drapeau.
Un drapeau est une pièce d’étoffe attachée à une hampe, qui permet grâce a l’emblème qui y est représenté, de le rattacher à un groupe, une nation, une collectivité, une ville ou un organisme. Haïti a son drapeau en 1803.
En février 1803 Dessalines proposa d’adopter un seul drapeau pour consolider l’unité entre les diverses fractions de l’armée indigène, ainsi le bleu et le rouge furent adoptés. C’est ce bicolore qui fut baptisé à Mérotte au perystile de Grann Guiton, au congrès de l’Arcahaie.
La constitution de 1805 institua le drapeau Noir et Rouge. Lors de la scission, Christophe conserva le Noir et rouge, et Pétion réhabilita le bleu et rouge. Après, plusieurs gouvernements ont adopté les couleurs qui répondent à leurs aspirations ou à leurs émotions. Soulouque avait aussi consacré le Noir et le Rouge comme emblème de son empire.
En 1915 au débarquement des américains le bicolore bleu et rouge a cessé de flotter jusqu’au 21 aout 1934. Cette date a marqué symboliquement la désoccupation graduelle du territoire haïtien. En 1964 François Duvalier revient avec le Noir et rouge, et le bicolore bleu et rouge est consacré alors comme les couleurs de la résistance contre la dictature Duvaliériste.
Le 25 février 1986 après la chute du régime le bleu et rouge est réapparu dans notre ciel.
La Conférence de l’Arcahaie
Ce fut à l’initiative de Pétion que les principaux chefs militaires du mouvement indépendantiste de la grande région de Léogane, Petit Goâve et de Port au prince eurent organisé la Conférence de l’Arcahaie. Participaient aussi à cette conférence les chefs de bandes des Congo, groupes très radicaux, tels les Cangé, les Marion, les Mimi Borde, les Lamarre, les Sanglaou, etc.
La conférence avait deux objectifs fondamentaux, premièrement faire reconnaître l’autorité de Dessalines surtout à certains combattants de l’ouest qui faisaient allégeance à Lamour Dérance. Deuxièmement, développer un plan de bataille pour refermer l’étau sur la région de l’ouest. La question du drapeau était aussi à l’ordre du jour, mais en second plan, car depuis février 1803 Dessalines avait ordonné à tous les Officiers d’arracher la bande blanche du drapeau français. Finalement le congrès eut lieu, mais pas dans l’unanimité, car les congos avaient une position radicale qui s’opposait à celle de Pétion et de Dessalines.
Le Bonnet PhrygienCe fut un bonnet rouge porté à Rome par les esclaves affranchis. La révolution française l’adopta comme symbole de la Liberté. Son usage se répandait aussi à St Domingue sous le nom de bonnet de la Liberté sous la deuxième commission civile. Ainsi le bonnet phrygien qui coiffe le palmiste, l’arbre de la liberté, forme les armoiries de la République d’Haïti.
Aujourd’hui Haïti est sous l’occupation d’une multi force onusienne, la troisième en moins de soixante quinze ans. Ne parlons pas de fête du drapeau, mais plutôt de la commémoration du drapeau, et en cette occasion psalmodions ensemble ces mots de Sténio Vincent au moment de hisser le bicolore bleu et rouge sur les mâts de Casernes Dessalines le 21 août 1934 : « Qu’il soit désormais l’emblème respecté d’une petite nation ayant la volonté de vivre dans la liberté par l’ordre et dans le travail sous l’égide salutaire de la paix publique »
Il est honteux de le constater, mais c’est la vérité
Dans nos rangs trop de traîtres
Du sol et du sous sol, nous ne sommes plus maîtres »

Professeur Bell Angelot
Directeur du Centre Haïtien de Recherches
Et d’Investigations en Sciences Sociales