mardi 24 février 2009

FANMI LAVALAS DANS L’IMPASSE


Le conseil électoral provisoire a exclu définitivement Fanmi Lavalas de la course électorale sans appel et sans tour de rôle. Le lexique politique n’a pas d’épithète pour qualifier une telle décision jugée par la classe politique de cynique, arbitraire, antidémocratique et même immorale. C’est réellement une transgression à la déclaration universelle des droits de l’Homme, car on ne saurait en aucun cas empêcher l’exercice à un groupe de ses droits politiques. Et surtout Fanmi Lavalas, l’organisation politique considérée majoritaire en Haïti. La mesure est purement politique, car la force mobilisatrice de Fanmi Lavalas , surtout en matière électorale, fait toujours peur. Le pouvoir en place craint une réponse trop éloquente du parti majoritaire.
L’exil est impie comme disait Victor Hugo, l’exil est banni par la constitution en vigueur en son article 41. « Aucun individu de nationalité haïtienne ne peut être déporté ou forcé de laisser le territoire national pour quelque motif que ce soit. Nul ne peut être privé pour des motifs politiques de sa capacité juridique et de sa nationalité ». Donc avoir des sénateurs de Fanmi Lavalas dignes de leur nom pourrait démystifier des desseins cachés, concernant les exilés politiques et les ambitions inavouées, par rapport à l’amendement de la constitution. Il faut remarquer que cette décision pleine d’émotions et vide de raison est imposée quelques heures après la publication du projet de résolution du congrès américain de mener une enquête sur le coup d’Etat du 29 Février 2004.
Le C.E.P exige un mandat du représentant national. La jurisprudence et les principes du droit d’asile rendent le mandat dispensable.
Lors des élections de 2000 Fanmi Lavalas avait mandaté, Mr Emmanuel Cantave, membre signataire de cette organisation, à le représenter auprès du C.E.P et c’est ce dernier qui avait signé l’attestation du citoyen Jean-Bertrand Aristide comme candidat à la présidence de cette organisation, et tacitement les attributions du représentant national étaient conférées à un représentant a.i. Les conseillers électoraux doivent se rappeler que le conseil électoral jouit de la pérennité étatique, en tant qu’institution d’Etat. Ce sont les conseillers qui sont nouveaux, mais le conseil non…..Caveant Consules! Par conséquent les conseillers électoraux doivent accorder la parole aux archives de l’institution. En plus les réserves formulées sur la charte de Fanmi Lavalas par le C E P sont sans fondement. Fanmi Lavalas, aussi bien que les autres organisations politiques, n’est pas liée directement à l’institution électorale par sa charte qui est apte à réguler les relations entre ses membres, mais par le décret du 30 juillet 1986 sur les partis politiques.Le ministère de la justice est l’institution régulatrice des partis politiques. Le C.E.P fait une lecture erronée de la charte de Fanmi Lavalas, spécialement de l’article 29.
Le représentant national est en exil depuis cinq ans. Les exilés politiques sont sous couvert des conventions internationales sur le droit d’asile qui les limitent dans l’exercice de leurs droits civils et politiques. Le représentant national de Fanmi Lavalas vit involontairement en dehors d’Haïti. Ce qui est paradoxal, le même pouvoir qui l’accepte en exil, l’exige de mandater des militants de son organisation. Comme piège après avoir présenté le mandat conformément à la loi, on lui demandera en plus, sa carte d’identification nationale et attestation de la DGI comme on fait pour tous les chefs de Parti.
Cette impasse n’est pas sans issue, seulement il faut un minimum de courage de respecter la loi et de prendre ses responsabilités. Le président du CEP n’a-t-il pas déclaré aux membres de l’équipe de consensus que Fanmi Lavalas n’est pas inscrit pour manque d’authenticité de documents ? Alors pourquoi claironner par ci et par là que Fanmi Lavalas était inscrit par X ou Y. Et pour se justifier d’aucuns se plaisent à déclarer que Fanmi Lavalas était déjà inscrit et un autre groupe est venu faire une deuxième inscription. C’est faux. Les premiers documents légaux ont été déposés par les membres de l’équipe de consensus, et ceux-ci avaient crédit du CEP.

Les membres signataires de l’organisation sont les meilleures références; ils sont revêtus d’un pouvoir moral en tant que mémoires de l’organisation. Dans cette situation de confusion ténébreuse dans laquelle est plongée l’organisation, ils ont leur mot à dire. Il faut noter que l’acte constitutif est antérieur à la charte handicapée par la non présence ou l’exil du représentant national. L’équipe de consensus est tout simplement une structure provisoire, une stratégie devant trouver une issue pour faciliter le retour à la normale. Fanmi Lavalas doit créer un organe devant formaliser les revendications populaires scandées dans les manifestations de rue drainant des milliers de militants de toutes couches. Mais jusqu'à date aucune instance, aucune structure n’est mise en place pour discuter avec qui de droit le retour du représentant national. Il faut indispensablement lier les mobilisations aux négociations. Rappelons nous bien lors du premier coup d’Etat l’origine de l’expression « diplomate béton ». Comment ignorer ou méconnaitre des travaux réalisés pendant deux ans, non dans la clandestinité, par une équipe de cadres, ancien premier ministre, anciens ministres, anciens directeurs généraux, anciens conseillers du président, anciens et actuels parlementaires etc. et des membres d’organisations de base sensibles à l’avenir de cette organisation. Les procès verbaux de réunion, les résolutions déposés au ministère de la justice et soumis au conseil électoral sont légitimes authentiques, justes et judicieux. Ces membres signataires ont leur mot à dire, surtout en cette période de crise. Le conseil électoral n’a aucune compétence, aucune autorité pour contester une résolution prise par les membres signataires d’une organisation politique. Seuls les autres membres signataires ont ce privilège et ils ne l’ont pas fait. Et toutes les résolutions, tous les procès verbaux, toutes les notices pendant ces deux ans de travail sont toujours signifiés et soumis aux autres membres signataires, spécialement et à double titre au représentant national pour apprécier. À bas l’Exclusion d’où qu’elle vienne !
En plus, comment ne pas respecter des décisions prises par des parlementaires qui n’ont pas renoncé à leur appartenance Lavalasssienne et qui confirment encore leur adhésion à l’organisation et qui dans le temps jouaient leur rôle de dirigeants à coté du représentant national. La charte ne dit nulle part que les membres signataires, les sages, les élus ne peuvent prendre de telles décisions surtout en cas de crise. Or les constituants ou rédacteurs de la charte de Fanmi Lavalas ne saurait prophétiser une telle crise, issue du coup d’Etat du 29 Février 2004 et l’exil du représentant national. Exil et coup d’Etat, deux maux qu’on pensait curés dans notre vie politique. La charte de l’organisation n’attribue pas cette responsabilité littéralement aux signataires, elle ne l’a interdit non plus. Tout ce qui n’est pas interdit par la loi , est permis par la loi. Cette confusion mal intentionnée, cette division commanditée et ce conflit artificiel qui gangrènent Fanmi Lavalas ne sont pas au dessus de ses militants réels et authentiques, mais elles peuvent provoquer une hémorragie car elles sont attisées par certains acteurs et actrices qui n’ont aucun passé lavalasssiens. D’où leur pratique maladroite et leur gaucherie dialectique. La solution n’est pas dans les medias ni à la barre, mais autour de la table. Les accusations gratuites, les actions répréhensibles feront l’affaire des autres, les vrais acteurs du 29 Février 2004. Nous sommes sans mémoire pour les crimes de nos ennemis, nous sommes sans pardon et sans miséricorde pour les peccadilles de nos proches. Évitons-nous de danser à la chaise musicale au lieu de prendre siège au bord de la table. Evitons de servir de cobaye ou de bouc émissaire aux malins professionnels qui ont leur agenda occulte. Recueillons nous un peu en souvenir des militants assassinés à travers tout le pays bien avant le désastre du 29 Février, de ces milliers de pauvres massacrés à cité soleil, à Bel air Solino, à ceux qui sont jetés à la mer dans des containers, à ces prisonniers, à ces exilés ,`à ces familles divisées, à ceux qui ont perdu leurs maisons et entreprise, à ces orphelins, à ces veuves et veufs. A toutes ces pleurs sans prise de deuil et sans messe de requiem . …Que dirons nous a la progéniture de ces milliers de victimes tombées sous les balles et le poignard de nos « juges » ? Allons-nous profaner leur mémoire comme ont fait nos opposants en 2004 à l’égard des pères de la patrie ? Honni soit qui mal y pense!
Les membres signataires ont la responsabilité de retirer Fanmi Lavalas de ce bourbier. Laisser persister ce déficit de représentativité c’est prolonger l’exil du représentant national. Et les cinq grands défîs sont de tailles:1- Renforcer et remembrer Fanmi Lavalas, une organisation forte et compétitive pour répondre aux desiderata du peuple.
2- Unifier l’organisation en fermant toutes les brèches et toutes les fissures provoquées par le coup d’Etat du 29 Février.
3- Reprise, par les urnes, du pouvoir perdu par les armes, en participant aux élections libres honnêtes et Démocratiques
4- Retour du représentant national en Haïti, il faut lier les mobilisations populaires aux négociations. Justice et réparation à toutes les victimes
5- Participation de Fanmi Lavalas à tous les débats nationaux

Yon Sèl nou fèb, ansanm nou fò, ansanm ansanm nou se Lavalas