jeudi 3 septembre 2009
L’ÉVEQUE-BATISSEUR WILLY ROMELUS
La Grand’ Anse dit merci à l’Évêque-Bâtisseur Willy Romélus.
1- Le Concordat du 28 mars 1860.
2- Le Clergé indigène avec le Dr François Duvalier. Rappel historique.
3- L’intronisation des Évêques haïtiens. Propos de Mgr l’Archevêque François Wolf Ligondé.
4- 26 avril et 26 juin 1977. Nomination et consécration de l’Évêque Willy Romélus. Extrait de son discours de consécration.
5- L’Eglise Catholique et la lutte émancipatrice du Peuple haïtien. Willy Romélus, L’EVEQUE engagé, Émergence de Willy Romélus sur la scène politique. (1983, 1994, 2004) des années douloureuses et éprouvantes. Willy Romélus, l’évêque martyr. défenseur des pauvres et des exclus.
6- Willy Romélus l’Évêque Bâtisseur, le Progressiste, le Visionnaire.
(Ses réalisations, ses rêves, et la Cathédrale Notre Dame Miraculeuse)
7- Une vie de missionnaire bien accomplie. L’Homme de foi profonde. L’enfant de Marie. L’Homme de la Médaille Miraculeuse. Merci.
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En apprenant le 7 août dernier, la nouvelle du départ de son Excellence Monseigneur Willy Romélus de la tête du diocèse de Jérémie, spontanément le devoir de mémoire m’a interpellé. Féru de l’histoire de mon Pays ; Jérémien attaché à mon patelin natal ; Grand’Anselais, soucieux de l’avancement et surtout du désenclavement de mon Département ; fils très attaché à la mémoire de mon feu Père Maître Gérard Gilles qui fut un fervent admirateur de ce Grand Haïtien qu’est le Révérend Willy Romélus ; tout cela concourt à me pousser à lui rendre un hommage bien mérité et surtout en tant qu’ancien Sénateur, issu de ce Département, je me permets d’exprimer à son égard les sentiments de profonde reconnaissance de la population Grand’Anselais pour le travail accompli en faveur de son développement et de son émancipation, depuis son sacerdoce en tant que prêtre à Latibolière, localité située à 9 km de Jérémie, jusqu'à ses 32 ans d’Episcopat.
Lorsque le 28 mars 1860, les plénipotentiaires du Président Fabre Geffrard et ceux du Pape Pie IX signèrent le Concordat entre le Vatican et la République d’Haïti, réglementant les procédures ecclésiastiques, le Clergé haïtien était presqu’exclusivement composé de Français, un Clergé blanc qui, malgré l’article 4 de cette Convention, accordant le privilège de nommer les représentants de Saint-Pierre, aux Présidents haïtiens. Un Clergé français dans cette Haïti qui vient de conquérir son Indépendance suite au sacrifice de ses fils et filles face à cette France esclavagiste et raciste. Un Clergé blanc à prédominance française dans un Pays qui vient de se hisser glorieusement au sommet du Monde Noir. De là à cerner facilement l’un des facteurs étiologiques de notre mauvais départ comme Nation Souveraine… Mais ceci n’est nullement l’objet de notre texte et fait plutôt objet d’un chapitre d’un bouquin à paraître…
Un Clergé souvent étranger aux profondes réalités haïtiennes, voire même distant et réprobateur de ce merveilleux syncrétisme religieux haïtien. Une hiérarchie catholique distante et de caste qui évangélisait, bon gré mal gré, les enfants de Dessalines. Une évangélisation beaucoup plus proche de l’abêtissement, synonyme d’acculturation d’une petite élite, souvent zombifiée, sous l’emprise d’un opium délivré dans un latin qui tenait son mysticisme dans sa profonde incompréhensibilité. Mais un beau matin des années 1960, cette Eglise s’est trouvée dans le collimateur du Dr François Duvalier. A travers son dernier représentant, l’Archevêque Poirier, et les jésuites, elle s’est dangereusement dressée face au Tyran, lui donnant ainsi l’occasion rêvée de procéder à la constitution d’un Clergé Indigène avec la nomination d’Archevêque et d’Évêques haïtiens. C’est ainsi que le 15 août 1966, suite à d’intenses discussions diplomatiques, entre le Saint-Siège et le Gouvernement d’Haïti, est signé un protocole d’accord permettant au Président de la République de procéder à la création de ce Clergé Indigène qui lui tenait tant à cœur.
Force est de reconnaître que cette initiative du Président Duvalier constitue en lui-même un fait historique remarquable dans notre Histoire émancipatrice de peuple libre, quoique le mobile de cet acte ne fût que purement politique, un acte posé par un homme qui voulait asseoir sa puissance sur tous les compartiments sociaux et culturels de ce Pays. D’ailleurs ses propos en la circonstance sont bien édifiants de cette volonté hégémonique. « L’objectif auquel j’aspirais était non point la rupture avec ROME mais la constitution d’une hiérarchie catholique nationale intégrée par des fils du Peuple susceptibles de comprendre, de saisir le sens de ma révolution et de lui apporter leur aide, leur soutien dans le domaine religieux, social et qui sait ? Peut-être économique et politique. Cette alliance d’une révolution nationaliste, humaniste, de justice sociale, parée de hauts prélats issus du Peuple, n’était pas seulement la concrétisation d’un rêve de jeunesse, elle sublimerait aussi les luttes ardues, l’énergie des mesures et les sacrifices consentis.» rapportait le Docteur François Duvalier en la circonstance.
Même l’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on, or, le dessein de cet homme, derrière cette décision bouleversante serait d’apporter une plus grande harmonie au sein de la grande famille religieuse et culturelle haïtienne. Une Eglise Catholique qui s’est imposée depuis des années dans le réel culturel et religieux haïtien, malgré l’incontournable et l’indéracinable attachement de la grande majorité à son vaudou maternel et ancestral. Cette grande première dans les annales religieuses haïtiennes devrait permettre un meilleur équilibre et une meilleure intégration de la grande famille haïtienne. D’ailleurs l’allocution, ce jour là, du Premier Archevêque haïtien annonçait ce rapprochement qui malheureusement ne s’est jamais concrétisé dans le vrai. Connu pour sa belle rhétorique, le jour de sa consécration épiscopale, le 28 octobre 1966, Mgr François Wolf Ligondé a poussé un si beau cri que l’on croirait entendre un Leonardo Boff ou un Frei Betto : « Fils d’une terre de pauvreté, nous sommes sensibilisés aux misères du Monde, aux besoins des déshérités de la fortune et du savoir... Nous voulons faire entendre au monde le cri de tous les petits, de tous ces hommes harassés et brisés qui doivent retrouver leur pleine dignité et qui attendent sur la route ceux qui transparaissent celui qui est la pureté de la lumière miséricordieuse. L’Eglise du Christ servante des pauvres ne se désintéresse donc pas de la souffrance des hommes. Et les grands problèmes sociaux de notre temps : alphabétisation des masses, développement communautaire, élévation du niveau de vie de nos populations, sont déjà l’objet de réflexions, de préoccupations pastorales de nos démarches ».
C’est à l’Archevêque Ligondé de savoir, au soir de sa carrière de Représentant du Christ sur la terre, si ces belles paroles ont été en conformité avec les actes posés durant son sacerdoce épiscopal, s’il a su transformer en actes la vision de l’Eglise dictée par le Pape Pie XII qui disait bien que l’Eglise n’évangélise pas en civilisant, elle civilise en évangélisant. Une Eglise qui doit promouvoir les valeurs humaines fondamentales sans lesquelles il n’y a pas d’humanité et les valeurs culturelles originales par lesquelles elle fait passer son message de respect de la personne humaine, de liberté, d’amour des hommes et d’unité.
Cette mesure révolutionnaire prise par le Président Duvalier a permis l’érection du diocèse de Jérémie, en 1972, ayant vu la nomination de son premier Évêque Monseigneur Carl Edward Peters, qui, malheureusement trois ans seulement après cette désignation s’est endormi du sommeil éternel. Il a fallu deux ans aux autorités d’alors pour élire à la tête du diocèse le prêtre de Latibolière dont la renommée en matière d’engagement et de progrès réalisé dans la zone forçait l’admiration de plus d’un, déterminant les responsables à faire appel à lui pour diriger et administrer l’évêché de la Grand’ Anse. Le Prêtre Willy Romélus, un 26 avril 1977 vient d’être choisi par Le Pape Paul VI et le Gouvernement haïtien pour remplacer le défunt évêque Peters. Et le 26 juin 1977, la ville de Jérémie, dans une euphorie générale, une véritable liesse, célébrait en grande pompe la consécration du prêtre bâtisseur de Latibolière, devenu Evêque par la grâce de Dieu et de sa bonne réputation d’administrateur et de fidèle Serviteur du Christ Jésus.
Son discours d’intronisation, que jalousement gardait dans sa bibliothèque mon feu Père, traduisait la conviction profonde d’un homme, pétri d’humanisme, croyant en une Eglise Catholique, activement et concrètement engagée dans ce processus d’option préférentielle pour les pauvres, une Eglise soucieuse tant du bien-être spirituel que matériel de ses fidèles. Une Eglise adaptée aux exigences du milieu social que religieux, recherchant cet équilibre harmonieux entre le spirituel et le temporel, admettant cette corrélation profonde et obligée entre l’esprit et les bases existentielles. Une Eglise appelée à déclencher un remous qui dissout le suranné pour ensemencer l’innovation commandée par le présent et détentrice des lendemains florissants et à concilier la satisfaction des réquisitions du Corps et celle des requêtes de l’âme. Un discours dont il va suivre les moindres aspects durant son long sacerdoce. D’ailleurs la vie du Prêtre de Latibolière était déjà en conformité avec cette vision sociale, humaine et progressiste du Nouvel Évêque Romélus.
Savourons-en un extrait : « La prédication dont parle le Christ est parole, exemple et action. Proclamer la parole serait vain aujourd’hui et n’apporterait pas le changement désiré, si l’apôtre n’appuyait pas ses dires de faits concrets, ceux-ci étant en effet plus aptes que ceux-là pour la transformation recherchée. Prêcher l’évangile donc, ce n’est plus parler d’un Dieu abstrait, c’est montrer que Dieu est là, vivant, présent et qu’il agit en tout et en tous, partout et toujours. Il est celui qui est. Prêcher l’Évangile, ce n’est plus dresser un catalogue de vices ou même de vertus, c’est aussi et surtout parler du Dieu d’amour, c’est porter Dieu au monde et le monde à Dieu, c’est travailler pour atteindre l’homme dans son intégralité.
Mgr Romélus poursuit pour loin : « L’évêque s’efforcera donc de produire tous les traits du Christ. Comme le Christ et à la suite du Christ, il jettera un regard de bonté sur cette foule immense qui accourt pour entendre la parole, mais qui au fond dans toute sa patience et sa bonne volonté, ressent tant de besoins à satisfaire. Oui, il sentira partir de son cœur ce cri angoissant : « J’ai pitié de cette foule ». Et le Christ n’a pas seulement lancé ce cri, il a agi. Il s’est attaqué à tous les problèmes confrontés par cette masse qui criait comme des brebis sans pasteur : la faim, la soif, les maladies, l’ignorance, la misère, sous toutes ses formes. Le Christ était mû par l’amour, un amour désintéressé qui n’envisageait pas le bien des autres… Nous tous qui avons une certaine responsabilité, c’est cet amour qui doit être le mobile de notre action. »
Ah oui, de cet amour désintéressé auquel se réfère Martin Luther King, un amour puissant que ce Grand Pasteur noir américain appelle l’Agapè, utilisant un mot grec qui désigne l'amour qui donne, qui regarde l'autre pour ce qu'il est, et non pour ce qu'il peut vous apporter. Selon ses propres mots, "It is an overflowing love which is purely spontaneous, unmotivated, groundless, and creative. It is not set in motion by any quality or function of its object. It is the love of God operating in the human heart.” Le sacerdoce du prêtre de Latibolière, homme animé de cet amour, pétri de cet humanisme, était réellement en conformité avec cette vision de l’amour christique. Plus loin, des exemples concrets, tirés de son Œuvre, seront cités pour corroborer la puissance de cet amour débordant, spontané, sans fondement exact et surtout créatif.
La presse jérémienne, ce jour-là, ne ratait pas l’occasion de relayer ce sacre dans tous ses aspects, religieux et festifs. D’ailleurs, grâce à la gentillesse de ce congénère de la Grand’ Anse, le Directeur de Radio Tropic FM, l’inestimable Guy Jean, qui voue ce même respect, cette même sympathie à Monseigneur Romélus, j’ai pu obtenir un numéro de l’Assotor, journal écrit de la ville, en ce temps là. Ce fut vraiment une belle fête. Des fleurs qui embaumaient la Cathédrale Saint-Louis, à celles semées sur tout le parcours du Prélat, nouvellement consacré, en présence de l’Archevêque de Port-au-Prince d’alors, Monseigneur François Wolf Ligondé. Enfant, je me souviens de cette grande liesse, de cet émoi, de cet espoir suscité par ce choix. Je revois mon bien-aimé Père, tout ému par la simplicité voire même la sobriété, frôlant la timidité du nouvel évêque, mon Père qui nous raconte cette cérémonie et surtout les paroles fortes de ce Discours d’un Homme, refusant de faire allégeance à un pouvoir obscur et tyrannique. Enfin une semence d’espoir dont les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Pas de ces espoirs vains, mensongers et ingrats qui assèchent le cœur, et qui poussent à la révolte légitime. Suivez mon regard.
Une Eglise Catholique engagée sous le leadership de Monseigneur Willy Romélus, l’Évêque-courage, l’Évêque-martyr….
Évêque, l’homme est resté égal à lui-même, en ces moments noirs de la vie sociale et politique des années 70, ces moments où l’on parlait par signes pour répéter ce poète. Évêque, il entendait poursuivre sa mission d’Évangélisation et de Civilisation, initiée à Latibolière en tant que Prêtre. Il a pleinement conscience que l’Évangélisation ne saurait être une entreprise isolée, coupée de son contexte social, économique voire même politique et régie par des dogmes préétablis, cadenassés et inamovibles. Et la nouvelle Eglise Catholique Haïtienne, avec Messeigneurs François Gayot et Willy Romélus avaient compris que l’Evangélisation doit s’adapter aux réalités douloureuses du milieu et qu’elle avait pour mission d’affronter ses contingences et de pousser les hommes à réaliser cette harmonisation du spirituel et du temporel en les responsabilisant face à leur avenir en vue d’un lendemain prospère et émancipateur, des « hommes qui doivent devenir acteurs de leur destin ». Même si Mgr Gayot, plus loin, finira par prendre ses distances avec ce vaste mouvement revendicatif national et adoptera une position plutôt conservatrice.
Début des années 80, la dictature duvalierienne fait rage, n’arrivant pas à s’adapter aux nouvelles donnes internationales, axées sur le respect des droits fondamentaux de l’homme et le droit à l’émancipation des peuples. Monseigneur Willy Romélus évangélise son peuple. Le mobilise contre la dictature. Le civilise. Le Concile des Jeunes réalisé à Jérémie rassemble les jeunes de tous les départements autour du charisme de l’Évêque. Le mot d’ordre est lancé. « Legliz se nou, nou se legliz ». Véritable communion entre le berger et son troupeau. La fin approche. 1982, l’année de tous les espoirs. Les Sbires du Pouvoir menacent la vie de l’Évêque. Des cagoulards seraient venus de Port-au-Prince, envoyés par un certain Roger Lafontant, attenter à sa vie. Un grand mouvement de solidarité s’organise autour de lui. Mais, il n’a pas peur. Il n’a jamais peur. Mais ne cherche pas le martyr. Il prie et veille sur le troupeau.
Le Pape-pèlerin Jean Paul II annonce sa visite en Haïti. La mobilisation se renforce encore plus autour de cette visite. Jeune adolescent, je me souviens de ce grand rassemblement organisé à l’Ecole Saint Jean l’Évangéliste, à Turgeau, (P-AP), où l’Évêque Willy Romélus suscitait tant d’enthousiasme et galvanisait les espoirs d’un changement profond. Je me tenais au deuxième étage quand il fit son apparition sur le podium construit en la circonstance. Tout de gris vêtu, mince, svelte, il livrait son bref message d’amour à cette foule immense, composée en majorité de jeunes assoiffés de changement et déterminés à en finir avec cette dictature stérile, improductive et obscurantiste. La cérémonie, une fois achevée, s’est transformée spontanément en une marche pacifique au son de l’Ave Maria, tout au long de l’Avenue Jean Paul II(Turgeau). Des arrestations et bastonnades s’en suivirent mais ce ne fut que le début de la fin.
Puis vinrent le Pape et son fameux cri en faveur du changement. L’Eglise, de plus en plus déterminée à remplir son rôle civilisateur, continue son travail de forgeuse d’une nouvelle conscience nationale. 1985, Jean Robert Cius, Makenson Michel, Daniel Ismaël tombent aux Gonaïves. La Fin approche, le monstre se fait encore plus méchant. Il perd son calme. Monseigneur Willy Romélus n’hésite pas à traverser Port-au-Prince pour se rendre aux funérailles de ces jeunes. Gonaïves est en ébullition. Haïti pleure ses enfants fauchés par les balles assassines des sbires du Pouvoir.
7 février 1986, Duvalier quitte le pouvoir. L’Eglise est reconnue comme le véritable fer de lance de ce mouvement libérateur. Mais l’Eglise s’est arrêtée en route. La Hiérarchie Catholique a pris peur et se rétracte face à la dimension du travail qui l’attend de conduire le troupeau vers la terre promise. Mais Mgr Willy Romélus, lui, continue son travail d’émancipation. Les Bases de l’Eglise, groupées en TI LEGLIZ s’activent contre le régime successeur à Duvalier qui voulait perpétuer un Duvalier sans Duvalier. L’Evêque-Courage lance son mot d’ordre de rache manyok. Le Peuple le suit mais échoue momentanément face aux intérêts puissants d’une Communauté Internationale et d’une Elite locale déterminées à récupérer ce mouvement populaire trop progressiste et inclusif à leurs yeux. Mais ces dernières n’ont pas compris que ces moments ne furent qu’une étape dans la lutte émancipatrice du Peuple Haïtien. Ce rache manyok ne fut que le mouvement précurseur de celui qui portera le peuple au pouvoir le 16 décembre 1990.
16 décembre 1990, le peuple haïtien continue de faire l’histoire. Le Père Jean Bertrand Aristide, considéré comme le fils spirituel de Monseigneur Willy Romélus dont il est d’ailleurs parent, accède à la Magistrature Suprême. A travers ce mouvement mystico-religieux et des élections que l’on considère comme les premières démocratiques de notre histoire, le Peuple vient de défier et de rejeter cette démocrature, forme de gouvernement à visage démocratique sur fond de dictature, que l’on a tendance à lui faire avaler, pour choisir la démocratie véritable. La grande entreprise de civilisation, de conscientisation instaurée par l’Eglise dans les débuts des années 80 a fini par porter ses fruits avec l’avènement d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes déterminés, de nouveaux citoyens conséquents. Malheureusement cette élection a réveillé les vieux démons racistes et exclusivistes des Grands de ce Monde qui refusent à ce Peuple le droit de choisir ses dirigeants au nom des principes sacro-saints de cette démocratie (démocrature ?) dont ils disent être les hérauts.
Le 30 septembre 1991, sept mois seulement après cet acte souverain et démocratique, les élites minoritaires de concert avec la classe politique traditionnelle ont noyé dans le sang cet espoir suscité avec l’ascension à la Présidence de ce Représentant légitime, ce Leader National que le Peuple s’est octroyé. Jean Bertrand Aristide a du prendre le chemin de l’exil. La démocratie vient de se transformer en source de malheurs, de deuil et de déboires d’un Peuple obligé de résister durant trois années cauchemardesques au cours desquelles il a du faire face à des escadrons de la mort, n’hésitant pas à livrer ses cadavres aux chiens et aux porcs, voulant ainsi les contraindre à ravaler leur insolence d’avoir élu à la plus haute Magistrature ce fils de Paysan, nous rappelant les paroles de Gerin à l’endroit de l’Empereur Dessalines, sacrifié pour avoir voulu cette société inclusive, d’égalité et de justice sociale, anti-apartheid à laquelle il aspire tant, ce peuple.
Alors, L’Évêque-courage Willy Romélus, de concert avec plusieurs autres prélats engagés, condamne ce coup d’Etat et résiste, de son Evêché sis à Brouette, Jérémie. Des religieux et laïcs s’en trouveront menacés, et même assassinés. Mais il ne lâchera pas, à l’image de ce Peuple d’Haïti, Quisqueya ou Bohio, fier, rebelle et résistant.
1991-1994, trois années de grande résistance. L’Évêque organise cette résistance à l’Oppression. Le 25 février 1993, Mgr Willy Romélus, suite au naufrage du bateau Neptune, organise une messe à la Cathédrale de Port-au-Prince pour honorer la mémoire des victimes. Dans une ambiance électrique et de passions débordantes, la foule fustigea les responsables de facto d’alors et aux cris de « Vive Aristide !!! », réclamaient justice pour les parents de ces victimes de la légèreté et de l’insouciance de l’Etat. Et à la sortie des fidèles de cette messe symbolique, Mgr Willy Romélus, fut agressé par près de 60 hommes qui n’ont pas hésité à le rouer de coups. Sa soutane fut déchirée. J’ai en mémoire l’émotion de mon feu Père. Face à tant de sauvagerie, il s’est écrié : Sacrilège !!! Mais quand Mgr Romélus, sourire aux lèvres, raconte quelque temps plus tard, sa mésaventure, ému, mon Père me disait que cet Homme d’une grande piété mérite l’admiration de tous. Car, il n’y pas de preuve de plus grande spiritualité, de plus grande philosophie, que cette capacité de rire même dans les moments de grandes difficultés. Or, il est bon de rappeler que quelques semaines plutôt, soit le 8 février 1993, un jour avec ce naufrage, L’Évêque-martyr et 25 prêtres avaient procédé à la Cathédrale de Jérémie à une ordination qui devait être suivie d'une procession. Les militaires dispersèrent à coup de bâtons les participants dont quelques-uns, à la suite de la raclée qu'ils reçurent, furent transportés à l'hôpital. Un peuple résistant aux cotés d’une Eglise résistante, symbolisée par Mgr Romélus et qui l’incite à « prendre ses responsabilités, à être acteur du changement, à arracher lui-même les racines de l’injustice », selon la vision de l’Évêque, que ne partage plus malheureusement une hiérarchie Catholique de plus en plus distante, de plus en plus conservatrice. Serait-ce là l’un des facteurs prémonitoires à cette perte de confiance constatée d’une frange assez considérable de nos fidèles à l’égard de notre Eglise Catholique, Apostolique et Romaine ? Autre débat !!! Mais le Peuple continue son chemin vers cette terre promise. Pwomès se dèt !!!
Et le 15 octobre 1994, Jean Bertrand Aristide retournera alors dans son Pays. Un autre Président, proche du Leader National Aristide, militant aussi de ce mouvement populaire mystico-religieux, culturel et politique, et bénéficiant de la popularité de son prédécesseur, monte au pouvoir. René Préval devient Président. La Démocratie semble être finalement mise en branle. Pour de bon, cette fois. L’alternance démocratique est respectée. Le mandat de René Préval est achevé dans son intégralité. L’Évêque Willy Romélus s’adonne pleinement à sa tache de missionnaire de la foi et de grand civilisateur.
Plus loin, se pliant aux exigences démocratiques et aux échéances constitutionnelles, le Peuple a élu majoritairement au Sénat et à la Chambre des Députés ses représentants pour voir plus loin les forces traditionnelles locales qu’internationales contester leurs résultats qui ne furent que le reflet de la faiblesse des partis politiques et du manque de proximité de ces forces rétrogrades avec l’électorat majoritaire. Des élections contestées par une minorité incapable de convaincre l’électorat haïtien mais assez puissante du point de vue médiatique et financier, pour falsifier les informations et empoisonner le climat social.
Malgré tout, le peuple haïtien renouvelle sa confiance en Jean Bertrand Aristide en l’élisant, le 26 novembre 2001, une seconde fois, à la Magistrature Suprême au cours d’élections libres et démocratiques, quoique boycottées par une opposition minoritaire et lâche, déjà assurée de sa déroute face à la popularité phénoménale du Leader National.
Dès l’inauguration de son nouveau mandat, des mouvements subversifs tant armés que politiques, orchestrés par une opposition antidémocratique et une fraction minoritaire de la société civile, principal fer de lance de cet apartheid social se mettent à empoisonner la vie politique et sociale. Une nouvelle fois, la démocratie est mise en déroute. Jean Bertrand Aristide, embarqué de force dans la nuit du 28 au 29 février 2004 pour une destination jusque là inconnue par le kidnappé, n’a pas terminé, une fois de plus son mandat. Et le calvaire du Peuple d’Haïti reprend de plus belle avec son cortège de morts, d’ « arimay » dans les quartiers populaires suivis d’arrestations arbitraires, ses descentes d’escadrons de la mort, semant le deuil au sein de la population, avec ses nuits d’horreur, ponctuées de cris de douleur, aux cieux troués de décharges d’armes automatiques, troublant le sommeil des habitants des quartiers pauvres dits de non droit. L’Évêque Willy Romélus résiste, condamne ce kidnapping. Mais malgré son retrait de la vie politique active en ces moments, des voyous de tout acabit, dans leur melting-pot subversif de grenn nan bouda (GNB), ont attenté une nouvelle fois à sa vie. Toutefois, il continue à réclamer encore et encore plus de justice pour ce peuple trop souvent opprimé. Il a entendu son cri comme Jésus et continue à lui donner son amour.
Cet amour désintéressé, cet « agape lutherkingnien » le poussent à sacrifier sa vie pour ces infortunés de l’avoir et du savoir, ces victimes d’un apartheid bicentenaire qui refusent malgré tout de baisser les bras. Un amour qui se veut, non seulement désintéressé mais aussi créatif et producteur. Dans son discours de consécration, le 26 juin 1977, il annonçait déjà son désir de traduire dans les faits son amour pour ses sœurs et frères haïtiens : « un pareil amour au cœur de chaque haïtien ne manquera pas d’inventer des solutions à bon nombre de nos problèmes et Haïti sera ce que tout bon patriote souhaite : une terre où, en plénitude, seront réalisées nos deux belles devises : L’union fait la force et Liberté, Egalité, Fraternité ».
Mgr Willy Romélus l’Évêque Bâtisseur, le Progressiste, le Visionnaire !!!
Au nom de cet amour créatif, il a parcouru l’Europe et l’Amérique à la recherche de soutien, de solidarité, de financement, afin de trouver des solutions aux problèmes de la population de la Grand’ Anse. Reconnu déjà comme un brillant administrateur suite à son passage à la paroisse de l’Anse-à-Veau, en 1963- (un vicariat qui ne fut pas long)-, il fut transféré à la paroisse de Notre Dame du Perpétuel-Secours de Latibolière, située à quelque 9 km de Jérémie ; d’où il n’a pas tardé à mettre au profit des habitants de cette localité ses talents d’administrateur et d’homme de Dieu de 1965 à 1977. Du Curé de Latibolière à l’Évêque de la Grand’ Anse, il n’a pas marchandé, ni ménagé ses efforts pour travailler à l’émancipation des habitants de la Grand’ Anse. Il fonda à Latibolière l’école Notre Dame du Perpétuel-Secours, l’Ecole rurale de Latibolière remise à l’Education Nationale et qui porte aujourd’hui son nom. Il fonda le Collège Alexandre Dumas en hommage au grand écrivain français d’origine jérémienne. Il y a construit aussi un Dispensaire de santé ainsi qu’un magasin communautaire, etc.… Nombreuses sont ses réalisations dans la zone. Aujourd’hui, Latibolière est devenu un haut lieu de pèlerinage faisant la fierté des nombreux croyants Jérémiens. Le culte à la Patronne d’Haïti y est religieusement suivi. Cet Enfant de la Vierge Marie, d’ailleurs ne rate jamais l’occasion d’invoquer la Mère de Dieu tant dans les moments de Joie que de tristesse.
Devenu Evêque, le Prélat de la Grand’ Anse continue avec la même sagacité, la même ténacité ce travail de civilisation et d’Évangélisation que prônait le Pape PIE XII. Une Eglise appelée à civiliser et à évangéliser, guidant les hommes vers plus d’humanité sur le chemin de l’amour et de la paix. Une Eglise, nous nous répétons, en quête perpétuelle de cet équilibre harmonieux entre le temporel et le spirituel. L’une de son approche favorite de cette volonté civilisatrice, c’est son dévouement à ouvrir les champs du savoir aux plus faibles, à ceux que notre société d’apartheid à double vitesse, prénomme paysans. Or il a bien compris, comme son fils spirituel Jean Bertrand Aristide, que l’éducation est la base de tout développement humain durable. Une évangélisation, synonyme de démocratisation du savoir.
Mais, malgré la communion d’esprit et de pensée qui existait entre Jean Bertrand Aristide et moi, je ne m’étais jamais rapproché de cet homme de foi avec qui le Leader National entretenait des relations plus que cordiales, pour ne pas dire filiales. Les rares fois que je le côtoie, j’ai toujours en mémoire les paroles profondes de mon feu père Maître Gérard Gilles le concernant, en se référant à ses réalisations sociales dans mon département natal : « Si notre puissante Eglise Catholique avait en son sein au moins 5 autres Evêques de la trempe, de la foi et du mâle courage de cet Homme, Haïti cesserait de patauger dans ce sous-développement chronique, notre système éducatif s’en trouverait renforcé et cette décentralisation dont tous parlent sans y croire serait devenue une réalité. » J’ai toujours été intimidé par l’Homme au front serein, qui ne s’épanchait pas facilement. Je gardais envers lui et garde encore une distance respectueuse empreinte d’admiration. J’ai particulièrement apprécié son accueil quand je lui rendais visite en 1995, comme médecin-résident à l’Hôpital Saint-Antoine de ma ville natale. Une autre fois, la seule où je me sois retrouvé pratiquement en aparté avec lui, comme Sénateur de la République, ce fut au cours d’une conversation profonde et longue dont je me garde de révéler le contenu. Définitivement, c’est un homme jalousement et véritablement engagé en faveur de l’émancipation et le progrès de son Pays et qui cherche par tous les moyens à sauvegarder nos valeurs culturelles, religieuses et morales.
En effet, malgré les adversités rencontrées sur son chemin épiscopal ; malgré les incompréhensions de toutes sortes ; de concert avec les jeunes du département, il fonda le PRED ( Projet régional d’Education pour le développement du diocèse de Jérémie) qui a abouti à la construction des écoles primaires et secondaires, une école d’infirmiers et d’infirmières dont j’ai eu l’honneur d’y dispenser des cours de sémiologie médicale durant ma résidence hospitalière, une faculté de Droit qui produit chaque année des juristes brillants qui font honneur à ce constat reconnu par plus d’un, que la Grand’ Anse est le grenier de l’intelligentsia haïtienne. Sur les ondes de Tropic Fm, en 2007, dans une émission du juriste-journaliste Paul Morin, en compagnie du Bâtonnier de l’ordre des Avocats de la Capitale, Maître Gervais Charles, Grand’Anselais aussi, je me félicitais du travail accompli par Monseigneur Willy Romélus dans notre département natal. Le Bâtonnier n’a pas mis du temps, lui non plus, pour rendre un hommage bien mérité à cet Évêque, admiré autant par son Père feu l’éminent Juriste Louis Charles. Quelque soit la personne et de quelque horizon politique ou social elle vienne, elle ne saurait ne pas reconnaître l’entreprise civilisatrice de cet originaire d’Arniquet du Sud mais qui a tant donné à la Grand’ Anse en termes de réalisations progressistes où l’Education constitue l’une de ses priorités tout comme elle le fut pour son fils spirituel devenu Chef d’Etat. Ce texte-conférence serait vraiment trop long si je me mettais à citer de manière exhaustive les nombreuses réalisations de cet Homme de foi et d’action. Par exemple, la reconnaissance des jeunes de Jérémie envers le Prélat pour la construction du Complexe Socioculturel, communément appelé Foyer Culturel, est à mettre en exergue. Mais pour nous tous dans la Grand’ Anse et surtout à Jérémie, notre plus bel objet de fierté allait être la Cathédrale de La Médaille Miraculeuse, qui devrait être une des plus belles des Caraïbes, dont l’achèvement se fait attendre. Témoignage vibrant de la profondeur de la foi de cet Homme, d’une grande piété filiale à l’égard de la Sainte Vierge Marie, qui allait être un véritable lieu sacré des pèlerins de Marie. Cette Cathédrale allait attirer tant de chrétiens, venus de partout témoigner de leur foi chrétienne, de leur amour à la Vierge Miraculeuse, Patronne d’Haïti et en même temps admirer cette œuvre d’une grande beauté architecturale.
Une Cathédrale dans la grandeur majestueuse de la Basilique Notre Dame de Chiquinquira en Colombie, de celle de Higuey en République Dominicaine qui attirent tant de fidèles chaque année. Tout ceci contribuerait à rehausser encore plus la Cité des Poètes, à exposer la Grand’ Anse à d’autres regards et surtout à ouvrir ce Département, trop enclavé vers d’autres perspectives de développement touristique. Si les Jérémiens sont attachés à leur chère Cathédrale Saint Louis, ils ont compris toutefois l’importance que revêt pour leur futur tant spirituel que social l’érection de la Cathédrale Miraculeuse et nous espérons vivement que le Monseigneur-successeur Joseph Gontrand Decoste comprenne bien la portée tant mystique que culturelle de cette œuvre et s’attachera à l’achever pour le grand bonheur de son prédécesseur et des millions de fidèles de la Vierge Miraculeuse.
Mgr Willy Romélus, l’Homme de foi,
Cette œuvre est le témoignage le plus profond de la foi de Mgr Romélus, disais-je. Je me souviens, en décembre 2000, sénateur de la République, accompagnant le Président Préval dans la tournée d’adieu de son premier mandat si positif, j’ai eu la chance d’écouter l’Evêque-bâtisseur raconter ses révélations mystiques qui l’ont conduit à bâtir cette œuvre. Chose rare de sa part, car peu enclin à des épanchements en public, étant de nature très réservée. Face à tant de foi mêlée de béatitude chrétienne, mi ému, mi amusé, je soufflai au Président Préval mon incompréhension face à tant de piété, frisant une certaine puérilité de la part d’un septuagénaire presque. Spontanément, le Président, aussi troublé que moi, m’exprima lui aussi, d’un ton proche de douce réprimande, son émotion et surtout son profond respect et son admiration pour cet homme, apparemment en communion constante avec sa foi, ses convictions religieuses et politiques restées intactes. Je me suis rendu compte pourquoi mon bien-aimé Père admirait ce Ministre de Dieu avec autant de ferveur. Traverser tant d’épreuves dans sa vie et rester avec cette foi intacte est tout simplement admirable et communicatif en « ce temps qui bat le tambour, où les hommes préfèrent la guerre à l’amour » comme dit la Chanson.
J’ai aussi compris pourquoi nombre d’haïtiens et de chrétiens à travers le Monde, proposaient le nom de Mgr Willy Romélus à la Candidature au Prix Nobel de la Paix. S’il ne l’a pas obtenu, malgré son infatigable lutte en faveur des pauvres, des infortunés du savoir et de l’avoir, nous, haïtiens des 4 coins du Monde devons lui rendre un hommage bien mérité et même lui dédier le Nobel de Grand Bâtisseur de Foi, de Grand Promoteur de l’amour et de la Paix. Honneur à cet Homme qui, hier, encore, regrette les grandes déchirures du tissu social haïtien et qui implore Dieu et la Vierge d’intercéder dans le cœur de nos sœurs et frères haïtiens pour une plus grande unité de la grande famille haïtienne, seule apte à nous tirer de ce marasme économique et social.
De son discours de consécration épiscopale à aujourd’hui, cet homme, cet enfant de Dieu a fait concrètement de son sacerdoce un tremplin formidable pour concilier le spirituel et le temporel. En terminant son discours en 1977, il cria ses mots : « Nous devons former un faisceau pour une Grand’ Anse belle, prospère, unie dans une Haïti régénérée où ces mots trouvent leur sens vrai : Dieu, Patrie, Travail. » Nullement des paroles d’un pharisien, il a tout fait durant son sacerdoce pour rendre belle la Grand’ Anse dans la mesure de ses maigres moyens recueillis de par le monde. Et il a sacrifié sa vie à l’image du Christ pour contribuer a la régénération de notre chère Haïti, « léguée par les Aïeux qui se sont livrés pour nous, dont nous jouissons de leur legs acquis au prix du sang » pour le répéter encore dans ce discours. Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. (Jn 15,13), de même que l’amour nourri pour la Patrie commune et nos frères, ne peut se confondre avec l’égoïsme. Il doit être plutôt l’amour véritable qui préfère le bien commun au bien propre, l’avantage des autres au sien, l’amour qui va jusqu’au sacrifice de l’être aimé, concluait-il, en 1977, par devant les représentants d’un pouvoir dictatorial, obscurantiste, privilégiant le gaspillage, le vol des deniers publics, l’exploitation des plus faibles sans oublier la haine sociale.
Merci Monseigneur Willy Romélus !!! Pour répéter le Leader National, la reconnaissance est la mémoire du cœur !!! La Grand’ Anse et Haïti vous seront à jamais reconnaissants. Sachez combien nous, Filles et fils de ce Département chéri, sommes tristes de votre départ, dû à ce temps qui pour vous non plus n’a pas su suspendre son vol, malgré votre envie toujours intacte de servir la Grand’ Anse, de servir votre Pays. Vous faites partie, grâce à la puissance de votre foi et de vos convictions, de ces hommes qui ne vieillissent jamais, qui restent les enfants du Bon Dieu.
Quelque part dans les Caraïbes, à quelques encablures de nous, un homme est resté tout aussi jeune malgré les coups de griffes inéluctables du temps, grâce encore à la puissance de sa foi en un Monde plus juste, plus fraternel. Certes, il a eu la chance de servir son Pays à plus haute échelle, contrairement à vous. Vous êtes bien plus jeune que lui, heureusement. Hélas, vous avez décidé de partir, le temps venu de remettre la soutane de l’Évêque mais Haïti espère tant que vous continuiez à l’aimer de cet amour agape, et à nous encourager à rechercher cette unité, si nécessaire à notre survie de Nation. Cette Nation que vous portez si profondément dans votre cœur de grand patriote. Chapeau Évêque-bâtisseur !!! Par ma voix et dans son sommeil éternel, mon père Maître Gérard Gilles vous dit merci au nom de tous les Jérémiens, partis avant nous, retrouver Yahvé et notre Mère Marie ; et au nom de tous les haïtiens conscients de la Grandeur de la Mission accomplie, je vous dis MERCI.
Dr Louis Gérald Gilles
Ancien Sénateur de la République
Fils de la Grand’ Anse
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