Monsieur René Garcia Préval
Président de la République d’Haïti
Palais National
Monsieur le Président,
Nous citoyens haïtiens vivant sur différents continents et membres du Comité Fanmi Lavalas des Haïtiens d’Outre-mer, vous saluons au nom de notre chère Patrie. Monsieur le Président nous sommes préoccupés par tout ce qui se passe sur notre terre natale et la façon dont on voit Haïti à travers le monde. Pour vous parler franchement il est très embarrassant pour nous autres à l’extérieur du Pays d’entendre tout ce vacarme au sujet des élections du 19 Avril 2009. Peut-être n’en avez-vous pas été assez informé par vos services, ou n’ayant que faire d’un banal fait d’exclure un parti politique de la course électorale, ou étant probablement trop absorbé par vos activités personnelles, est-ce la raison pour laquelle vous n’avez pas pris des mesures adéquates afin de prévenir cette crise? Vous pouvez ne pas vous rendre compte de la gravité de la situation explosive du Pays au moment où nous parlons. Cependant notre conscience de bons citoyens nous pousse à vous alerter personnellement. Pour la première fois depuis la fin de la dictature des Duvalier nous avons vu de pareilles élections. Le faible taux de participation des citoyens ne saurait vous laisser indifférent, Mr. Le Président. Cette fois même la communauté internationale qui vous soutient, Dieu seul sait à quel prix, a lancé un cri d’alarme non en faveur des Lavalassiens comme certains persistent à le croire, mais en faveur de la démocratie; en témoignent les déclarations suivantes :
Déclaration du Secrétaire général de l’Organisation des États
américains (OEA), José Miguel Insulza,
Insulza qui a dit, nous citons ; “l’OEA respecte intégralement les attributions du CEP et continuera de prêter son appui sur le plan technique, comme elle l’a fait jusqu’à présent, à cet organisme en vue de l’aboutissement des élections, mais je ne peux manquer d’exprimer ma préoccupation face à la possibilité qu’un groupe important de citoyens haïtiens ne soient pas
représentés dans ce processus”.
Déclarations de l’ambassadeur du Canada, Gilles Rivard « Les circonstances qui ont mené à l’exclusion de tous les candidats d'un parti politique ne peuvent que nous inquiéter. En effet, la crédibilité d'une élection est basée sur le respect des lois et des règlements qui l'encadre. Cependant, ce symbole de la démocratie que représente une élection, doit être aussi rassembleur, et non pas contribuer à diviser la population. » Citons également la déclaration de l’Ambassade des Etats-Unis suite à la publication de la liste des candidats approuvés par le Conseil Electoral Provisoire ; « C’est donc pour nous un sujet de grande préoccupation qu’une décision ait été adoptée, laquelle interdit à tous les candidats d’un parti politique de participer aux prochaines joutes électorales. L’histoire des états démocratiques réussis démontre que les élections honnêtes et démocratiques sont de natures inclusives et non exclusives. Dans le cadre de la loi, des élections devraient permettre la participation de tous les principaux partis et servir comme force d’unification de la démocratie. Une élection basée sur l’exclusion comme nous le constatons aujourd’hui mettra inévitablement en question la crédibilité des élections et celles des institutions mêmes en Haïti et parmi les bailleurs et amis d’Haïti. »
Fort de ce constat, Monsieur le Président, une décision rapide s’impose, « l’annulation des élections contestées du 19 Avril 2009. Les grandes valeurs démocratiques dans lesquelles tous les individus sont " censés " être égaux en droit n’acceptent pas qu’une communauté qui représente très exactement 1% des Haïtiens ait le droit à tous vos égards, alors que la majorité de la population se voit méprisée, maltraitée, abandonnée à son sort jusqu’à l’exclusion. Une autre crise qui s’annonce longue et difficile, pointe à l’horizon.
Compte tenu de la grandeur et de la noblesse de la fonction du sénateur, héritage de la Démocratie Romaine, nous avons la crainte que les prétendus vainqueurs des élections du 19 Avril aient une certaine légitimité. D’ailleurs, Ils ne pourront pas cohabiter, sans discrimination,
sans contradiction et sans aucun malaise avec les sénateurs en fonction qui se sont déjà prononcés contre ces élections. Et alors Mr le président quel sénat aurez vous? Quand nous analysons aussi la préciosité de l'agenda qui attend le sénat de la république avec l'amendement de la constitution, la double nationalité, la question de l'armée etc., nous pensons qu'il serait mieux de procéder à une annulation, car gérer c’est prévoir. La conjoncture internationale nous enseigne la prudence et l'orgueil surtout après la déclaration du premier ministre de Trinidad et
Tobago que " Haïti est une honte de la région des caraïbes "
Aussi est-il de notre devoir de citoyens conséquents de vous informer que quelque chose ne tourne plus rond dans notre grande démocratie qui fut à son apogée avec des élections massives telles que celles qui vous ont porté au timon des affaires de l’Etat. Dans la lignée de ces dernières ne vous faites pas le complice, Monsieur le Président, de ce qui pourrait se produire.
A l’instar de plusieurs autres compatriotes, nous aussi, nous réclamons l’annulation pure et simple de ces mascarades électorales du 19 Avril 2009. Espérant que notre cri de compatriotes prévoyants et conscients vous incitera à la réflexion et à ramener un juste équilibre dans notre grande démocratie naissante dont vous jouissez aujourd’hui le fruit succulent. Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de notre devoir de combattre l’injustice et l’exclusion.
Mme. L’ex Sénateur Youseline A. Bell
Mme. L’ex Sénateur Nadia Mondésir Sanon
M. André Joseph