vendredi 27 février 2009

LE CEP ENTRE LE SONGE ET LE MENSONGE


Le conseil électoral provisoire a bien vu en songe d’organiser des élections libres honnêtes et démocratiques. C’est bien un songe, un rêve qui pourra même se transformer en cauchemar. Mais il n’a pas songé aux intentions cachées et aux manœuvres occultes du pouvoir qui l’a institué avec un bonnet « indépendant ». Il n’a jamais songé non plus que ce pouvoir digne héritier du pouvoir de Gérard Latortue craint une leçon politique et démocratique de Fanmi Lavalas. Le chef de l’Etat est trop fidèle aux liens familiaux et régionaux qui le lient à Latortue, et il est trop sensible à sa névrose anti Lavalasse. Donc le conseil électoral est condamné à mentir. Car il veut réaliser son rêve et il ne saurait désobéir à son chef. Plus d’un ont déjà dénoncé la dépendance et l’appartenance politiques de certains membres de ce conseil, et ce n’est un secret pour personne la transgressive arrogance des chargés de mission ou des conseillers présidentiels, de véritables enfants gâtés du pouvoir en place, dans la course électorale. Et ces candidats si peu candides qu’ils soient ont déjà la bénédiction de César. « Aut Caesar, aut nihil » pour l’institution électorale.
L’exclusion de Fanmi Lavalas dans la course électorale est arbitraire, anti démocratique et anti constitutionnelle, et inédite dans l’histoire des élections en Haïti. Mais bien programmée, bien comptée, mal calculée. Fanmi Lavalas a soumis des documents justes, légaux et convaincants au conseil électoral provisoire. Le président de l’institution électorale doit se rappeler qu’il a reçu, apprécié et avalisé les documents de l’équipe de consensus après avoir déclaré que la demande d’inscription de Fanmi Lavalas allait être rejetée pour manque d’authenticité de documents. Le ministère de la justice, a bien jugé l’authenticité de ces documents déposés en son bureau. Le conseil électoral a voulu piéger Fanmi Lavalas, en déclarant aux membres de l’équipe de consensus que les élections ne sont pas possibles en Haïti sans Fanmi Lavalas, propres mots du président du conseil électoral, mais il se ferme les yeux sur les documents authentiques pour faire dilatoire en exigeant un mandat du représentant national. Le jeu des conseillers est bien compris. Quand les membres signataires, agissant en tant que force morale de l’organisation en dernier ressort, ils demandent le mandat du représentant national. Et si mandat il y aurait, ils exigeront du mandant, le numéro d’identification fiscale, la carte d’identification nationale et feront référence au décret du 30 juillet 1986 sur les partis politiques qui en son article 5 stipule que le chef du parti, ou membre du groupe dirigeant doit être résident et domicilié en Haïti. Le représentant national de Fanmi Lavalas n’a jamais signé de mandat, car lui-même il était candidat aux élections présidentielles de Novembre 2000. Et celui qui était mandaté à représenter l’organisation au près du CEP est encore vivant, et jouit pleinement de ses droits civils et politiques, en plus le mandat n’a jamais été révoqué. Alors que disent les archives de cette institution ? Les conseillers sont nouveaux certes, mais le conseil non. En excluant Fanmi Lavalas le conseil électoral a commis un déni de justice. Le déni de justice se définit comme le refus d’une institution ou d’un juge de se prononcer sur un cas qui lui est soumis sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi. L’attitude du conseil électoral provisoire est un mépris ou une méconnaissance de la jurisprudence qui est une source ou la sagesse même du droit. Quant le président de l’institution électorale joue au Ponce Pilate en déclarant qu’un groupe s’est lui-même donné mandat et un autre groupe a soumis un faux mandat, donc lui, il se lave les mains. Le conseil électoral provisoire a dans son organigramme un bureau de contentieux électoral dont les membres sont de véritables juges. Dans le lexique des termes juridiques Dalloz, il est écrit que : « le juge n’a pas le droit de se soustraire à sa mission qui consiste à dire le droit. Le déni de justice constitue un délit pénal » .Le président du conseil électoral devait tenir ses mots et respecter le document qu’il a requis lui-même du ministère de la justice pour l’inscription légale de l’organisation dans la course électorale.
Il est a rappeler au conseil électoral qu’il n’a nul droit de contester des dispositions commandées par les circonstance prises par les membres signataires de l’organisation Fanmi Lavalas, seuls les autres membres signataires ont ce privilège. Il est à rappeler ensuite que les documents qui ont été déposés au ministère de la justice et qui lui ont été soumis par ce dernier selon sa propre requête n’avaient aucun motif électoral, car Fanmi Lavalas n’a pas seulement une vocation d’élections. Les membres et les cadres de l’organisation ont voulu combler un déficit de représentativité qui a toujours servi de prétexte aux officiels du pouvoir de nous mettre à l’écart. C’est une organisation qui veut accompagner le peuple haïtien dans toutes les démarches de la vie nationale. L’exclusion arbitraire et maladroite de Fanmi Lavalas par le CEP ne s’arrête pas là. Fanmi Lavalas ne pourra pas se prononcer sur l’amendement ou sur la révision de la constitution, que dira Fanmi Lavalas sur le dossier de la double nationalité ou l’intégration des haïtiens ayant une nationalité étrangère selon l’esprit du décret d’aout 2002 pris par le gouvernement Lavalas. La nation est une et indivisible « Ayiti manman libète pa ka gen pitit deyò, pitit andedan, tout moun dwe konte », que dira Fanmi Lavalas sur le retour des forces armées d’Haïti ou sur la création d’une force pour la défense du territoire national .Que dira Fanmi Lavalas sur la fin de l’exil dans nos us et coutumes politiques en générale ,et en particulier sur celui de son représentant national. N’est- il pas discriminatoire, incompatible à la déclaration universelle des droits de l’homme et à la constitution haïtienne ? Les chefs de tous les partis politiques sont présents dans le pays, sauf celui de Fanmi Lavalas. Et le dialogue national ?
L’exil, un acte anti constitutionnel, illégal et même immoral ne saurait avoir de suites justes et légales. Le même pouvoir qui accepte l’exil du représentant national exige de ce dernier des documents au nom de la loi. Quelle anomalie ? C’est de cette anomalie, de cette situation inconvenable et inconfortable que les membres signataires de Fanmi Lavalas ont mis sur pied cette équipe de consensus suite à des rencontres et des discussions tenues pendant deux ans. Depuis le 29 Février 2004 Fanmi Lavalas ne vit pas une situation normale, et le pays aussi. Exilés politiques, prisonniers politiques, agenda électoral non respecté, incohérence administrative, la hausse anarchique des prix etc., ce n’est pas normal. Et le pays n’est pas normal. Le consensus devient la règle, sans quoi le conseil électoral ne serait pas.
Les grands débats s’annoncent et le parti majoritaire du pays ne saurait en aucun cas renoncer à sa mission historique. Son exclusion ou sa mise à l’écart est inacceptable. A bas l’exclusion d’où qu’elle vienne ! Notre combat est celui de convertir cette société de combat en une société de débats. Fanmi Lavalas a toujours prôné le dialogue, Fanmi Lavalas a toujours combattu l’exclusion ; car en devenant membre de cette organisation voici le serment répété : «A l’ombre de mon drapeau, je m’engage à promouvoir la paix, et guidé par cet esprit de paix, je m’engage à travailler dans la dignité pour une Haïti
Socialement juste, économiquement libre et politiquement indépendante ».
Nous conseillons aux conseillers électoraux de surseoir leurs élans émotionnels pour faire appel à la raison et au bon sens. « Turpe est mentiri », il est honteux de mentir. Le mensonge les anéantira, la vérité les affranchira. Que cesse toute lecture fallacieuse pleine de préjugés de la charte de l’organisation Fanmi Lavalas qui est l’instrument de cohésion et de régulation entre ses membres. Fanmi Lavalas n’est lié au conseil électoral provisoire que par la loi électorale et le décret du 30 juillet 1986 sur les partis politiques.
Que nous soyons puissants ou misérables les jugements de l’histoire nous rendront blancs ou noirs.