jeudi 2 avril 2009

Haïti: Entre la Corruption et Les Élections

Le destin de la première république noire du monde augure encore de sombres jours pour plus d’un, voire de misérables lustres pour d’autres. Evidemment, quand des maux haïssables restent incurables et des pratiques moyenâgeuses demeurent, ce pays qui a décroché sa liberté sous des combats glorieux, est loin de connaître le bonheur de la stabilité.
Le Jeudi 19 Mars dernier, sous un rapport honteux de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) sur la gestion de l’ONA, le citoyen Sandro Joseph a été arrêté et jeté en prison pour blanchiment d’argent, tandis qu’on cherche à appréhender ses acolytes faussaires, parmi eux des parlementaires et l’ancien Ministre des Affaires sociales, Gérald Germain.
Quelques jours après, Me Yayo Vladimir Edmond, un des substituts du commissaire du gouvernement, a pris le maquis après avoir fait l’objet d’un mandat d’amener pour corruption présumée, suite à un incident au cours duquel une jeune femme participant à une séance de prière avait été gravement brûlée.
Cette bataille contre la corruption, une pandémie qui ravage l’économie du tiers monde particulièrement celle d’Haïti depuis des ans, est un projectile dans un arsenal en raison du nombre de gens déjà atteints. Notamment, des législateurs qui ont été élus pour travailler au bien-être de la nation haïtienne.
En effet, le mot progrès n’aura aucun sens dans le vocabulaire politique avec cette génération qui cultive l’escroquerie au quotidien. Juges, directeurs généraux et parlementaires sont souvent des corrupteurs inouïs. Ainsi, d’où viendra la cure?
Cette croisade contre les corrompus est juste et louable mais ce sont les soldats qui sont à peine catholiques. Alors que, dans l’intervalle, le gouvernement Préval-Duvivier tente d’emprunter volontiers d’autres voies vers l’instabilité. Le CEP se prépare pour des sénatoriales, le 19 Avril 2009, qui n’annoncent pas un climat serein dans le paysage politique national.
Ces élections sont contestées au départ. Dans l’absolu, aucune élection n’est possible lorsqu’il y a des revendications non satisfaites, des menaces de boycotte et des révélations de tout genre. Le leader du GREH, l’ancien colonel Himmler Rébu, a parlé, au cours d’une entrevue à Radio Caraïbes, d’une liste de candidats présélectionnés par le pouvoir avant le scrutin. Un député a aussi sévèrement blâmé le président Préval pour sa politique d’autruche et son amour pour des crises obscures et révoltantes.
Certainement, nombreux sont les analystes qui s’interrogent sur l’après 19 avril. La majorité n’a pas toujours raison, mais gagne souvent. Quel sera le corollaire de l’absence Lavalassienne? Quand on sait que le parti Lavalas détient plus de 60 % des votants. Cette lutte contre les faussaires aura-t-elle une conséquence néfaste sur l’ordre des joutes à venir? Quand on ne peut oser ignorer la notoriété de bon nombre de corrupteurs à appréhender.
Néanmoins, tout va dans le plus ignoble silence. Plus de 100 tonnes de matériel électoral (urnes, isoloirs, fournitures de bureau, etc.) sont déjà arrivés du Mexique et 9.411 bureaux de vote seront répartis à travers les dix départements pour l’organisation du premier tour.
Cependant, entre la corruption et les élections, le peuple soupire sous le fardeau de sa fin. Tandis que des gens s’enrichissent, nos frères meurent dans les champs de canne à Santo-Domingo, au foyer des lézards aux Bahamas, dans les prisons de l’Oncle Sam, pour en faire une piteuse citation. Un pays en lambeaux, or des cupides empochent de margot. Connaîtra-t-on de nouveaux revers postélectoraux? Le destin le saura.

André Jean-Rony Monestime
Jean-rony.andre@mymail.barry.edu
(954) 297-3855

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