vendredi 1 janvier 2010
LA SOUPE DE LA DIGNITÉ
Le premier Janvier 1804 le peuple haïtien a scandé haut et fort sur la place d’armes des Gonaïves : Liberté ou La Mort. Ces manifestations étaient les funérailles de l’esclavage et du colonialisme. Anathème à la France, alea jacta est ! Liberté ou la Mort, alléluia ! Et c’était La Révolution.
Dessalines avait donné à Chareron la mission de rédiger l’acte de l’indépendance. Après la rédaction, lecture était donnée au chef. Celui-ci ne trouvait pas dans l’œuvre de Chareron la sensation recherchée. Dessalines reprochait à l’auteur de trop s’inspirer de l’acte d’indépendance américaine. C’est ainsi qu’il fit appel à Boisrond Tonnerre qui dans un élan plein de zèle et d’héroïsme déclara : « pour écrire l’acte de l’indépendance, Il nous faut la peau d’un Blanc pour parchemin, son crane pour écritoire, son sang pour encre et une baïonnette pour plume.» Bravo ! Bravo ! Bravo ! Boisrond, s’exclama Dessalines. Ainsi le chef donna la nouvelle mission de rédiger l’acte de l’indépendance à Louis Boisrond dit Boisrond Tonnerre.
Comme il était fort tard dans la nuit, le nouveau rédacteur s’est écarté de l’assemblée. Armé de sa bouteille de tafia pour une meilleure inspiration il s’est retiré dans une maison dans le voisinage. Le moment solennel de commencer la fête et de faire lire l’acte étant arrivé, et Boisrond ne s’est pas présenté, Dessalines délégua un officier à sa recherche. C’est ainsi que Boisrond fut retrouvé endormi sur sa table de rédaction, sous l’empire du tafia, et sa bouteille devant lui. Mais la mission est bien accomplie, l’acte est bien rédigé. Hosanna et Sursum Corda. En 1954 lors de la commémoration du tri cinquantenaire de notre indépendance un monument sous forme d’une bouteille fut érigé sur une place aux Gonaïves, dénommée place bouteille, par le président Paul Eugene Magloire.
Une Révolution universelle fondée sur les valeurs humaines, sur les droits de l’homme et l’auto détermination des peuples, sur la liberté et la justice. C’est la seule révolution qui a renversé les murs du colonialisme et de l’esclavage qui ont déshumanisé l’homme nègre pendant plus de trois siècles.
C’est aussi une révolution anti raciste et inter raciale. C’est Haïti avec Dessalines qui fut la première nation à bannir la suprématie d’une race sur une autre et a décrété la cohabitation de plusieurs races sur son territoire.
Dans la constitution de 1805 il ne stipule que « tout individu d’origine indienne et africaine à droit à la nationalité haïtienne ». En plus les Polonais et les Allemands qui étaient en Haïti avaient bénéficié de la nationalité haïtienne. Les Polonais avaient reçu de Dessalines la concession de la région de Cazale, non loin de Cabaret dans l’Ouest du pays, tandis que les Allemands en majeure partie s’établissaient à Bombardopolis, ville qu’ils avaient construite dans le Nord Ouest d’ Haïti, et certains autres étaient recrutés par l’Empereur, à Dessalines, capitale de l’empire, pour initier les haïtiens aux métiers manuels tels : la cordonnerie, la menuiserie, la coupe etc. Il faut souligner aussi à l’encre rouge indélébile qu’un français a signé avec toute sa conviction l’acte de l’Indépendance d’Haïti, ainsi que la constitution de 1805. Il répondait au nom de Pierre Nicolas Mallet, français créole né aux Coteaux, qui se pactisait avec les nègres révolutionnaires d’Haïti comme certains autres enrôlés dans l’armée indigène. Il mourut à Miragoâne en 1846.
Le premier Janvier 1804 Claire Heureuse Félicité Bonheur Dessalines a instauré La Soupe nationale dans l’esprit même de la révolution. Au temps de la colonie, seulement les colons blancs prenaient la soupe au giraumon le dimanche. Comme premier janvier 1804 tombait un dimanche, Dessalines avait ordonné que la soupe au giraumon soit servie à travers tout le pays. Cette soupe qui fut interdite aux esclaves et qui était aussi le privilège exclusif des colons blancs est imposé dans le nouvel Etat libre comme une distinction de la liberté universelle et devient par la suite une tradition haïtienne. La femme de Dessalines qui était un véritable cordon bleu avait pris toutes les dispositions, mis en pratique toutes les formules de son répertoire culinaire pour offrir aux invités des Gonaïves, à chaque coin de rue, à chaque tonnelle, cette soupe composée de toutes les feuilles pleines de vitamines et d’énergie.
Haïti en 1804 a changé la géographie politique du monde, a levé des défis imposés à l’humanité pendant des siècles. Aujourd’hui les gloires que nous avons cueillies dans les champs de l’histoire sont converties en humiliations. Le courage, l’héroïsme et la bravoure qui animaient nos ancêtres pour vaincre le colonialisme sont très loin de nous. Devant la misère, la crise écologique, la dépendance politique et économique nous sommes à genoux. Si on n’a pas honte, aujourd’hui, mais on est triste d’être haïtien. La misère infâme la plus grande partie de la population qui ne peut même pas boire la soupe traditionnelle du premier Janvier. L’image que nous projetons au monde n’est pas digne de nos ancêtres. Dans nos rangs trop de traitres, du sol et du sous sol nous ne sommes plus maitres !
Les esclaves n’étaient pas livrés à eux-mêmes et à eux seuls. Ils étaient accompagnés par une élite digne de sa mission historique, digne de sa vocation rédemptrice. Toussaint Louverture, Dessalines, Christophe, Pétion, Chareron, Boisrond, Dupuy, Catherine Flon, Ferou, Claire Heureuse, Marissainthe Dédé Bazile, Cécile de Fatiman, Boukman, Mackhandal, Capois Lamort constituaient cette élite, mais le 17 octobre le flambeau a été éteint et la lumière ne peut pas être passée de génération en génération jusqu'à nous.
Aujourd’hui Haïti a besoin d’une élite pour rallumer le flambeau de 1804. L’élite de 1804 était à la hauteur de sa mission. Aujourd’hui les masses populaires semblent plus avancées que nos dirigeants qui croient que le salut doit venir de l’extérieur et c’est cette dichotomie qui nous cause trois occupations en moins d’un siècle. Nos dirigeants sont comme des bergers qui s’intéressent le plus à la laine et aux gigots, mais très peu aux moutons.
Les Haïtiens d’aujourd’hui ont une nouvelle responsabilité, celle de reconquérir le pays et le construire. Il faut à Haïti une nouvelle élite qui doit décréter son patriotisme et son nationalisme comme une véritable école de grandeur d’âme, une véritable culture de la dignité, la dignité haïtienne perdue dans les fanges de la politicaillerie. La pauvreté matérielle extrême qu’on nous attribue n’est pas le reflet de notre richesse spirituelle, culturelle et morale.
Même quand tout prétend disparaitre, même la ville des Gonaïves, berceau de la liberté des nègres, tombeau du colonialisme, nous pouvons rééditer 1804 et nous rendre dignes de nos aïeux.
Yon grenn mayi ka vin yon zepi, 2 ti pwason ka peple yon larivyè. Wi nou Kapab
BA
"Yon sèl nou fèb, ansanm nou fò, ansanm, ansanm nou se Lavalas".
P.O.BOX 2252 Fort Pierce, Florida 34954
info@fanmilavalas.net
www.fanmilavalas.net
954-670-9209
Dessalines avait donné à Chareron la mission de rédiger l’acte de l’indépendance. Après la rédaction, lecture était donnée au chef. Celui-ci ne trouvait pas dans l’œuvre de Chareron la sensation recherchée. Dessalines reprochait à l’auteur de trop s’inspirer de l’acte d’indépendance américaine. C’est ainsi qu’il fit appel à Boisrond Tonnerre qui dans un élan plein de zèle et d’héroïsme déclara : « pour écrire l’acte de l’indépendance, Il nous faut la peau d’un Blanc pour parchemin, son crane pour écritoire, son sang pour encre et une baïonnette pour plume.» Bravo ! Bravo ! Bravo ! Boisrond, s’exclama Dessalines. Ainsi le chef donna la nouvelle mission de rédiger l’acte de l’indépendance à Louis Boisrond dit Boisrond Tonnerre.
Comme il était fort tard dans la nuit, le nouveau rédacteur s’est écarté de l’assemblée. Armé de sa bouteille de tafia pour une meilleure inspiration il s’est retiré dans une maison dans le voisinage. Le moment solennel de commencer la fête et de faire lire l’acte étant arrivé, et Boisrond ne s’est pas présenté, Dessalines délégua un officier à sa recherche. C’est ainsi que Boisrond fut retrouvé endormi sur sa table de rédaction, sous l’empire du tafia, et sa bouteille devant lui. Mais la mission est bien accomplie, l’acte est bien rédigé. Hosanna et Sursum Corda. En 1954 lors de la commémoration du tri cinquantenaire de notre indépendance un monument sous forme d’une bouteille fut érigé sur une place aux Gonaïves, dénommée place bouteille, par le président Paul Eugene Magloire.
Une Révolution universelle fondée sur les valeurs humaines, sur les droits de l’homme et l’auto détermination des peuples, sur la liberté et la justice. C’est la seule révolution qui a renversé les murs du colonialisme et de l’esclavage qui ont déshumanisé l’homme nègre pendant plus de trois siècles.
C’est aussi une révolution anti raciste et inter raciale. C’est Haïti avec Dessalines qui fut la première nation à bannir la suprématie d’une race sur une autre et a décrété la cohabitation de plusieurs races sur son territoire.
Dans la constitution de 1805 il ne stipule que « tout individu d’origine indienne et africaine à droit à la nationalité haïtienne ». En plus les Polonais et les Allemands qui étaient en Haïti avaient bénéficié de la nationalité haïtienne. Les Polonais avaient reçu de Dessalines la concession de la région de Cazale, non loin de Cabaret dans l’Ouest du pays, tandis que les Allemands en majeure partie s’établissaient à Bombardopolis, ville qu’ils avaient construite dans le Nord Ouest d’ Haïti, et certains autres étaient recrutés par l’Empereur, à Dessalines, capitale de l’empire, pour initier les haïtiens aux métiers manuels tels : la cordonnerie, la menuiserie, la coupe etc. Il faut souligner aussi à l’encre rouge indélébile qu’un français a signé avec toute sa conviction l’acte de l’Indépendance d’Haïti, ainsi que la constitution de 1805. Il répondait au nom de Pierre Nicolas Mallet, français créole né aux Coteaux, qui se pactisait avec les nègres révolutionnaires d’Haïti comme certains autres enrôlés dans l’armée indigène. Il mourut à Miragoâne en 1846.
Le premier Janvier 1804 Claire Heureuse Félicité Bonheur Dessalines a instauré La Soupe nationale dans l’esprit même de la révolution. Au temps de la colonie, seulement les colons blancs prenaient la soupe au giraumon le dimanche. Comme premier janvier 1804 tombait un dimanche, Dessalines avait ordonné que la soupe au giraumon soit servie à travers tout le pays. Cette soupe qui fut interdite aux esclaves et qui était aussi le privilège exclusif des colons blancs est imposé dans le nouvel Etat libre comme une distinction de la liberté universelle et devient par la suite une tradition haïtienne. La femme de Dessalines qui était un véritable cordon bleu avait pris toutes les dispositions, mis en pratique toutes les formules de son répertoire culinaire pour offrir aux invités des Gonaïves, à chaque coin de rue, à chaque tonnelle, cette soupe composée de toutes les feuilles pleines de vitamines et d’énergie.
Haïti en 1804 a changé la géographie politique du monde, a levé des défis imposés à l’humanité pendant des siècles. Aujourd’hui les gloires que nous avons cueillies dans les champs de l’histoire sont converties en humiliations. Le courage, l’héroïsme et la bravoure qui animaient nos ancêtres pour vaincre le colonialisme sont très loin de nous. Devant la misère, la crise écologique, la dépendance politique et économique nous sommes à genoux. Si on n’a pas honte, aujourd’hui, mais on est triste d’être haïtien. La misère infâme la plus grande partie de la population qui ne peut même pas boire la soupe traditionnelle du premier Janvier. L’image que nous projetons au monde n’est pas digne de nos ancêtres. Dans nos rangs trop de traitres, du sol et du sous sol nous ne sommes plus maitres !
Les esclaves n’étaient pas livrés à eux-mêmes et à eux seuls. Ils étaient accompagnés par une élite digne de sa mission historique, digne de sa vocation rédemptrice. Toussaint Louverture, Dessalines, Christophe, Pétion, Chareron, Boisrond, Dupuy, Catherine Flon, Ferou, Claire Heureuse, Marissainthe Dédé Bazile, Cécile de Fatiman, Boukman, Mackhandal, Capois Lamort constituaient cette élite, mais le 17 octobre le flambeau a été éteint et la lumière ne peut pas être passée de génération en génération jusqu'à nous.
Aujourd’hui Haïti a besoin d’une élite pour rallumer le flambeau de 1804. L’élite de 1804 était à la hauteur de sa mission. Aujourd’hui les masses populaires semblent plus avancées que nos dirigeants qui croient que le salut doit venir de l’extérieur et c’est cette dichotomie qui nous cause trois occupations en moins d’un siècle. Nos dirigeants sont comme des bergers qui s’intéressent le plus à la laine et aux gigots, mais très peu aux moutons.
Les Haïtiens d’aujourd’hui ont une nouvelle responsabilité, celle de reconquérir le pays et le construire. Il faut à Haïti une nouvelle élite qui doit décréter son patriotisme et son nationalisme comme une véritable école de grandeur d’âme, une véritable culture de la dignité, la dignité haïtienne perdue dans les fanges de la politicaillerie. La pauvreté matérielle extrême qu’on nous attribue n’est pas le reflet de notre richesse spirituelle, culturelle et morale.
Même quand tout prétend disparaitre, même la ville des Gonaïves, berceau de la liberté des nègres, tombeau du colonialisme, nous pouvons rééditer 1804 et nous rendre dignes de nos aïeux.
Yon grenn mayi ka vin yon zepi, 2 ti pwason ka peple yon larivyè. Wi nou Kapab
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