mardi 17 août 2010

HAITI: ELEKSYON PIKE KOLE

« À quoi servirait la politique, si l’on ne pouvait gagner par des voies obliques le but qui ne peut s’atteindre par la ligne droite.»
(Dialogue aux enfers-Machiaveli Nicolo)

Dernièrement, je lisais un livre ayant pour titre: « Battles that changed history », sous-titré: « key Battles that decided the fate of nations ». C’est une compilation de guerres, qui eurent lieu de 1457 BC en Egypte, jusqu’a l’invasion d’Irak en 2003. Ces batailles, d’après les auteurs-historiens, avaient décidé le sort de tout un peuple ou d’une nation. A ma grande stupéfaction, le « combat de Vertières » n’a pas été retenu. Le seul qui a été non seulement déterminant pour la création de l’état d’Haïti et de son peuple mais, qui a mis fin a l’esclavage et en balayant en un tour de main sa base idéologique qu’est le racisme. J’ai envoyé un email à l’éditeur pour m’enquérir d’informations sur l’absence du combat de Vertières parmi les grandes guerres. On m’a répondu que ce combat n’est enregistré d’aucune part, de ce fait il est nul et négligeable. On comprend maintenant le comportement des pays et personnalités qui se disent « amis d’Haïti » ou qui défilent à la télévision avec des titres ronflants d’experts en affaires haïtiennes, et qui cependant ignorent tout de notre histoire nationale. Pourtant, ils décident du pouvoir politique de notre pays.

Je parlais à un ami qui est dans le secret des dieux ; il m’a appris qu’au département d’état, dès qu’on parle d’Haïti, le sujet est devenu personnel. C’est le dossier intime d’Hillary et de Bill Clinton. Certains prétendants se plaignent, du fait que cette réalité leur est défavorable, les Clinton ont fait une main basse sur le dossier haïtien et déterminés à parachuter l’un de leurs poulains au pouvoir en Haïti, et ils ont plusieurs valets. Décidément, Ils ne s’appellent ni Ray Joseph ni Jacques Edouard Alexis, ces messieurs protestent avec force le fait que les yeux des Clinton convoitent d’autres têtes.

Le cas de l’ambassadeur haïtien à Washington est typique ; il a des ramifications très profondes au sein de l’administration d’Obama, au sénat et à la chambre des députés américains, considérant le fait qu’ils travaillent pour eux depuis de longues années, mais ses acquaintances ne sont pas assez puissantes pour le placer au pouvoir, car le dossier haïtien est avant tout clintonien. Donc, les élections prévues en Haïti ne sont rien d’autres qu’une comédie. Tous les candidats sont des farceurs mélangés à des clowns. Par exemple, le dernier premier ministre d’Aristide, Yvon Neptune, se présente comme candidat à la présidence juste pour crédibiliser le scrutin, vu les menaces des clowns de l’« opposition » pour boycotter les joutes électorales. Il a conclu un accord avec René Préval, consistant à lui attribuer un portefeuille ministériel pour son équipe au prochain gouvernement qui sera certainement « Inite-Clinton ».

En Haïti, nous avons une triste histoire du genre à compromettre son intégrité morale et politique pour des miettes de pouvoir. François Duvalier avait conclu des deal avec des personnalités de la gauche des années 60 dont Edouard Berrouet et d’anciens fignolistes qui avaient accepte d’intégrer le pouvoir pour des fonctions publiques. Voila l’ambiance qui entoure les élections, d’un coté il y a les Clinton qui entendent contrôler le processus électoral, et d’un autre il y a des candidats proches de l’« American establishment » qui disputent chaque pouce de pouvoir. A partir de ce constat, le peuple haïtien n’a absolument rien à voir avec l’organisation de cette mascarade, qu’il s’abstienne de toute participation, parce que ces élections ne sont pas une priorité ni une urgence pour transformer leurs conditions précaires d’existence.


Les élections, priorité ou urgences

La réponse est catégoriquement, non. Les raisons sont multiples, l’atmosphère générale n’est pas propice à des élections, il y a des préoccupations qui sont plus fondamentales. La réalité de l’après séisme qui a dévasté le pays est catastrophique, plus de 1.5 millions sont en situation totale de sinistrés. Ceux qui dorment à la belle étoile dans les capitales et autres zones envoisinantes sont extrêmement nombreux pour qu’on les délaisse au profit d’un exercice électoral, par-dessus tout non-crédible.

Les élections ne sont ni urgentes, ni prioritaires. La construction d’habitats décents, la distribution de produits ménagers et alimentaires, la protection des enfants et des femmes enceintes face aux prédateurs de tout genre, la sécurité des déplacés, les conditions sanitaires…représentent les urgences et priorités. L’homme, dans ce carrefour spécial devrait être la priorité dans le pays, particulièrement à la capitale, non des façades électorales. Pendant toute l’histoire d’Haïti, l’homme n’a jamais été au centre des préoccupations d’aucun gouvernement, ce serait idéal si on décrétait une « saison pour les hommes » en ces temps de grandes privations. Ils le méritent bien !

La reconstruction concrète devrait être le slogan national et international. Tous les états ayant fait des promesses d’aide massive de l’ordre de plus de dix milliards de dollars devraient conjuguer un seul verbe : reconstruire. Le gouvernement haïtien à son tour devrait agir pour faciliter le débarquement de l’aide humanitaire venant du monde entier. Tenir un canal permanent de relations publiques pour tenir Haïti vivant dans les grands media du monde, et dans la diaspora haïtienne de partout. En commençant par alléger les lois de fonctionnement des douanes, des aéroports et de la frontière ; une façon d’encourager la solidarité internationale, particulièrement les haïtiens vivant à l’étranger.

A côté de cette reconstruction physique, financière et logistique, il y a aussi l’aspect moral du peuple. Apres une si grave catastrophe qui a changée la société haïtienne irréversiblement, il faut un apport psychologique pour faciliter cette longue transition. Le peuple est mentalement malade, il a besoin d’un discours régénérateur pour pouvoir recommencer encore à rêver. Cette partie est réservée exclusivement aux dirigeants haïtiens, détenteurs du pouvoir politique, appuyé par la société civile nationale et progressiste. Ce n’est pas le cas, parce que le gouvernement haïtien n’existe pas.

Un gouvernement national digne de confiance obtiendrait un mandat populaire et national par plébiscite pour un autre quinquennat. Le parlement haïtien jouerait le rôle légaliste, le peuple haïtien dans son écrasante majorité légitimerait une décision pareille.

La communauté internationale croit dans la forme. La persistance dans l’organisation des élections est absurde et ne représente pas vraiment une consolidation des institutions « démocratiques » puisqu’elles ne sont pas démocratiques. L’exclusion du parti majoritaire du processus électoral, Fanmi lavalas, est l’exemple flagrant de son caractère « bidon ». Le projet de René Préval avant le séisme se poursuit, il veut confisquer tout le pouvoir, ceci avec l’appui des professeurs de la démocratie. Toutes les conditions se réunissent pour qu’il réussisse, la classe politique est toujours malade du spectre aristidien, la société civile est noyautée par le pouvoir à partir de la distribution de faveurs de toutes sortes, le mouvement populaire ne se relève pas encore totalement de la torpeur du 29 février 2004, absence de leadership solide et d’organisation politique mobilisatrice…Le président a le vent en pourpre. Il connait bien le rapport de force sur le terrain, il fonce sans regarder en arrière.
Préval, un triste tacticien

Au cours de la campagne présidentielle quasi muette de René Préval en 2005-2006, il n’avait fait de promesses à personne. A la question sur l’exil de l’ancien président, Jean B. Aristide, il s’est caché derrière la constitution pour répondre, à savoir que l’exil est inconstitutionnel. Une tactique duvaliériste qui lui permet d’illusionner le secteur populaire en acquiesçant leur vote massivement au cours des élections. Sous cette rubrique de retour d’Aristide, il a pris langue avec certains dirigeants de base de la mouvance Lavalas, dont Monpremier, Jean-Marie Samedi (étrangement disparu) et Yvon du bel-air. Il a tenu en coulisses l’espoir de mettre fin à l’exil du président, mais tout en jouant la carte de l’américain comme si le département d’état est totalement hostile à une initiative pareille, cependant il négocie à ce propos. Au sommet du parti d’Aristide, il a fait des avances à SÒ Anne qui va lui livrer Yvon Neptune plus tard, il collabore avec Lesly Voltaire et Joseph Cantave, ce dernier lui a même présenté l’actuel premier ministre, Jean-max Bellerive, pour représenter Lavalas au sein du gouvernement…

Il a exécuté le même scenario avec les acteurs gnbistes, il a distribué des miettes de pouvoir aux plus entêtés afin de calmer certains appétits politiques, mais aux élections il les écarte. La petite amie d’Evans Paul fut admise au ministère du commerce, Paul Denis fut le conseiller principal du président, qui à son tour recrutait des membres de son parti initial, OPL, dont le fils de Gérard Pierre-Charles, leader historique de l’organisation. Chavannes Jeune fut représenté au gouvernement, en même temps il avait eu un petit démêlé commercial au palais. En gros chacun a eu un os à sucer .Quant au parti du défunt Renaud Bernardin, PLB, il l’a tout simplement soudoyé à travers Marie Laurence Lassègue et François Pierre-louis, respectivement comme ministre à la condition féminine et cadre supérieur à la primature.

René Préval a de l’allégeance pour deux acteurs, l’international et le secteur des affaires haïtien. Il a pris le pouvoir avec eux, dirigé dans le sens de leurs intérêts et entend tenir cap indéfiniment.

Le mauvais calcul de l’opposition

L’année dernière, quand le CEP avait écarté Fanmi Lavalas du processus, les autres partis politiques accueillaient favorablement cette décision, maintenant ils sont entrain de subir le même sort. Les élections du 19 avril et 21 juin donnent une idée de ce qui va se passer prochainement, sur les 11 sièges de sénateurs, le parti présidentiel avait remporté 6, les 5 autres sièges étaient distribués de façon disperser aux autres partis politiques. En minorité au sénat, ils sont marginalisés. Le même scenario se répètera aux prochaines élections, les partis recevront encore des miettes.

Un ancien ministre de Préval, maitre Camille Leblanc, a fait des révélations spectaculaires la semaine dernière sur le coup d’état électoral que prépare le président pour conserver le pouvoir. D’après Mr Leblanc, au cours d’une réunion avec les hommes d’affaires haïtiens, le président aurait dévoilé son plan dont l’objectif était de rassurer ceux-là un peu sceptique sur le futur de leurs intérêts. Le parti « Incite-Clinton » remportera 80% des sièges au niveau du sénat et de la chambre des députés, il retournera au pouvoir, cette fois-ci comme premier ministre à la manière de Vladimir Putin. La seule différence c’est que Putin est populaire dans son pays à partir des résultats concrets qu’il a à son actif. Mais Préval, lui, veut garder le pouvoir pour le pouvoir.

Le coup d’avant le séisme se poursuit. L’amendement illégal de la constitution, la prolongation de son mandat, le vote de la loi d’urgence accordant plein pouvoir…sont autant d’éléments explicitant la volonté du président de remettre le pouvoir à un docile dauphin.

Que faire

Mobilisation nationale contre l’occupation du pays, d’un seul coup tout l’établissement politique s’écroulera. René Préval est un produit de l’occupation, le départ des blancs est fondamental pour qu’on arrive à des élections démocratiques dans le pays comme ce fut le cas en 1990. Il n’y a pas d’autres formes de procès, le pouvoir actuel ne garantit absolument rien, pas de compromis possible parce que le pouvoir actuel n’a aucune base morale. Toute politique électoraliste est un acte de trahison envers la nation, c’est aussi consacrer la perte de la souveraineté nationale et s’associer aux vendeurs de patrie. Il n’ya pas de demi-mesures, car « les questions mal résolues sont sans pitié pour le repos des peuples ».




JOEL LEON


"Yon sèl nou fèb, ansanm nou fò, ansanm, ansanm nou se Lavalas"
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